La guerre
 
 
François "Anatole" BOSSU
(1876 – 1918)
 
 
bossu francois anatole
signature de François Anatole BOSSU
 
 
 
François Anatole BOSSU est né le 26 mars 1876 à Poncey les Athée (21). Il est le fils "naturel" de Ernestine BOSSU (1856 - 1938), âgée de 20 ans. C'est François, son grand-père, cultivateur à Poncey, époux de Françoise BELOT, qui le déclare à la mairie
 
Les cheveux noirs et les yeux gris, François "Anatole"  présente une stature de 1,80m. Il incorpore le 4eme régiment d'infanterie comme "engagé volontaire", pour trois ans à compter du 6 mars 1896.
Brigadier le 18 mars 1897, il est promu sous-chef artificier le 27 septembre de l'année suivante.
Le 22 décembre 1898, il est maréchal des logis. Le certificat de bonne conduite lui est accordé.
 
Charles épouse le 26 avril 1899 à Athée (21), Marie Louise Joséphine ROPITEAUX (1879 - 1900)
Veuf, il épouse en secondes noces, le 27 avril 1901 à Auxonne (21), Mélanie FROGNET (1876 - )
 
Le 2 août 1914, c'est la mobilisation générale. La guerre est déclarée. François Anatole, retourne au corps d'armée le 5 août 1914, délaissant son métier de cultivateur, pour endosser celui de maréchal des logis.
 
 
Il est affecté au 36ème régiment d'artillerie, à l'atelier de chargement de Moulins (03).
 
Le 14 mai 1915, il s'est particulièrement distingué au cours d'un incendie. Il reçoit les félicitations du général D.E.S.
Le 29 juillet 1915, en gare de Givry en Argonne (51) il fait une chutte occasionnant une luxation de l'épaule.
 
Et c'est accidentellement en faisant sauter des obus "de 37", à l'atelier de chargement de Moulins, que François Anatole BOSSU est Mort pour la France le 7 mai 1918, à l'âge de 42 ans,
source://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.
 
 
 
François Anatole est une des nombreuses victimes
de l'explosion dans l'atelier de chargement d'obus de Moulins-Yzeure
Toute l'économie est réorientée vers l'effort de guerre
Au front, les soldats vivent dans un environnement déshumanisé, où le voisinage de la mort est permanent. A l’arrière, la crise des obus de 1915 correspond à une période de manque de munitions, induit par la combinaison d'un important changement de tactique et de matériels de guerre. En dépit de son nom, elle ne concerne pas que les obus mais tout l'approvisionnement en armes et munitions au sein des armées alliées.
Faire face à cette crise est devenu un priorité pour le Commonwealth (et la France), ce qui s'est traduit par un durcissement des conditions de travail. Les ouvriers et ouvrières des usines de munitions faisaient l'objet d'enquêtes approfondies pour limiter les risques de sabotage. Dans les ateliers de Citroën à Paris, il est interdit de faire grève et même de s'asseoir
 
Ouvert le 22 février 1916 au lieu-dit La Mothe, l’atelier de chargement d’obus d’Yzeure employait 8348 salariés (hommes et femmes). Il y avait un stock de 3 millions d’obus chargés ou engins explosibles, 2 400 tonnes de poudres et explosifs, 1 400 hectolitres d’alcool, essence ou acétone.
 
C’est le 2 février 1918 qu’eurent lieu les premières explosions dans l’atelier de Moulins.
L'accident occasionne des dégâts matériels importants, et entraîne la mort de  trente-deux personnes
explosion obseques yzeurer
Obsèques des victimes de l'explosion de l'atelier de chargement d'obus d'Yzeure
Source image : Archives départementales Allier
 
 
 
Le courrier de l’Allier du 5 février 1918 relate cette catastrophe
avec toute la réserve due au contexte de l’époque
Source image : Archives départementales Allier
La censure
« Le tragique événement survenu à Moulins, dans la nuit de samedi à dimanche, intéresse de trop près la défense nationale pour que licence nous soit laissée d’en parler librement. Nos lecteurs comprendront que nous avons sur ce point, une consigne qu’il nous est impossible de ne pas observer.
Il nous est interdit, notamment de donner des chiffres en ce qui concerne les victimes, dont, d’ailleurs le nombre n’est pas encore définitivement établi ».
« La première explosion se produisit vers 9 heures, le samedi soir. Extrêmement violente, elle fit trembler les vitres et les murs, et sursauter les gens, à plusieurs kilomètres à la ronde. Comme on était encore sous l’impression du bombardement aérien de Paris, la pensée qui vint aussitôt à beaucoup fut celle-ci « C’est un avion boche ! » Mais le ciel très clair, ne recélait rien de ce genre et, de fait, il est établi que la cause de l’explosion est purement accidentelle. Une petite explosion préalable, perçue seulement à l’atelier, y avait mis tout le monde en alerte, si bien que lorsque celle dont nous venons de parler se produisit, le personnel, qui se tenait prêt à partir, put en très grande majorité gagner aisément le large avant que le danger se fût accru »
 
Une nuit d’épouvante
Dix minutes après, on put voir une immense gerbe de flammes s’élever de l’atelier, et une nouvelle détonation, encore plus forte que la précédente, retentit. Des gens qui se trouvaient hors de leur maison furent pris comme dans un formidable tourbillon d’air et renversés. En même temps, et dans un rayon de trois et quatre kilomètres, une averse de cendres, où se mêlaient des flammèches, se mit à tomber, avec un bruit de fin grésil.
Dès lors les explosions se succédèrent sans une seconde d’interruption jusqu’à 6 heures et demi du matin, plus fortes lorsqu’au lieu d’obus , ou de détonateurs, c’étaient des dépôts de poudre qui sautaient, avec de grandes lueurs, cependant qu’une épaisse fumée, poussée par le vent d’ouest , voilait un tiers du ciel. Le tout faisait l’effet d’un formidable bombardement, dans cette nuit d’épouvante.
Dès les premières détonations, beaucoup de familles avaient couru se réfugier dans les caves, où l’on n’était du reste pas très certain d’être en sûreté. Plusieurs personnes sont mortes de saisissement et l’on nous cite notamment le cas d’un vieux jardinier de la route de Lyon, Pierre Billon, âgé de 74 ans, qui expira ainsi dans sa cave. On nous donne également, comme morts d’émotion, un journalier de la rue des Geais, M. Jules Leclet, âgé de 61 ans , - qui comme le précédent, était atteint d’une maladie de cœur, - et une habitante des Robins, commune de St Ennemond, Mme Renaud.
Si un certain nombre de personnes, à Moulins et à Yzeure, restèrent jusqu’au bout, angoissées, dans les sous-sols, la plus grande partie de la population résolut de fuir l’insécurité des maisons ébranlées. Ce fut alors vers la banlieue, et vers une banlieue même fort lointaine, - des gens allèrent à pied jusqu’à Chantenay-Saint-Imbert, dans la Nièvre, - un exode affolé qu’accélérait chaque renforcement de l’effrayante canonnade. Des enfants furent perdus en route, et l’on nous a dit que l’hôpital général a recueilli quatre pauvres petits âgés de quelques mois, découverts abandonnés dans les rues. D’autres, séparés de leurs parents dans la cohue, partirent seuls au hasard, et il y eut, par exemple, deux fillettes qui gagnèrent une commune de la Nièvre dans ces conditions ...
 
Des explosions entendues jusqu’en Haute-Loire
Les effets des grosses explosions successives ont été en ville extrêmement violents. Les déplacements d’air ont occasionné un peu partout des dégâts considérables … Les rues étaient, hier et aujourd’hui, jonchées de débris de verre, de tuiles et de plâtras. Les glaces des magasins ont été notamment fort éprouvées. Quant aux rideaux de fer ondulé, ils ont été uniformément disloqués et sortis de leur cadre, si bien que nombre de boutiques n’ont pu ouvrir ...
 
.... Comme on s’en doute bien, la circulation des trains sur la ligne de Clermont, absolument contigüe au lieu de la catastrophe, a subi une perturbation sensible. En dehors de quelques avaries matérielles, la voie avait reçu plus d’un obus non explosé qu’il faut enlever jusqu’au dernier. Aussi les express de et pour Paris sont-ils détournés, entre Moulins et Saint-Germain, par Paray-le Monial et Roanne ...
Les explosions de Moulins furent perçues non seulement dans tout le département, mais encore dans la Nièvre, en Saône et Loire, dans le Puy de Dôme, et même jusque dans la Haute Loire, à Brioude et à Langeac. Le phénomène, pour ce qui concerne ces deux derniers endroits principalement, est du au fait que les déflagrations, s’engouffrant dans la vallée de l’allier, suivirent le cours de la rivière dont l’eau les porta à ces étonnantes distances...
 
 
Trois mois, plus tard, le courrier de la Meurthe du 14 mai 1918
relate l'accident fatal du 7 mai 1918.
François meurt.
Source image : Le kioske-lorrain.fr
 
 
 
François Anatole BOSSU repose au cimetière d'Athée, dans le carré militaire.
Son nom est gravé sur le monument aux Morts d'Athée (21)

21 athee anatole    
Athée (21)
photos : minobossu
 
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