Georges-Louis Leclerc de Buffon
Une jeunesse mouvementée
Son père se nomme Benjamin Leclerc, président du grenier à sel de Montbard, et sa mère Anne-Christine Marlin sont mariés depuis un an lorsque Georges-Louis vient au monde. En 1717, bénéficiant de la fortune accumulée par Georges-Louis Blaisot (oncle maternel) dont hérite son épouse et son fils, son père achète les propriétés de la seigneurie de Buffon, située à six kilomètres de Montbard.
La famille peut s'anoblir. Benjamin Leclerc acquiert également une charge de commissaire général des maréchaussées qu’il revend trois ans plus tard pour une charge de conseiller au parlement de Dijon. La famille déménage alors à Dijon, à l'hôtel Quentin, acheté également la même année.
Après des études au collège des jésuites des godrans de Dijon, suivant encore les injonctions paternelles, Buffon étudie le droit et obtient sa licence en 1726. Il part étudier les mathématiques et la botanique à Angers en 1728.
L’ambitieux à Paris
En 1731, sa mère meurt. Il s’installe l’année suivante à Paris. À vingt-cinq ans, il est décidé à réussir, commençant à signer Buffon. Ses premiers travaux portent sur les mathématiques, son domaine de prédilection, et il présente en 1733 un mémoire à l’Académie des Sciences, Sur le jeu du franc-carreau introduit pour la première fois le calcul différentiel et le calcul intégral en probabilité.
Protégé par de nombreux appuis, notamment Maurepas, Louis XV le nomme au poste d’adjoint dans la section mécanique. Maurepas, Ministre de la Marine, demande en 1733 à l’Académie une étude sur les bois utilisables pour la construction de navires. Faute de moyens, les commissaires nommés initialement se récusent, mais Buffon, exploitant forestier à Montbard, est là. Il multiplie les expériences et rédige un compte rendu des plus complets. Maurepas lui propose la surintendance de toutes les forêts de son domaine, mais il refuse.
En 1735, il traduit un ouvrage du biologiste Stephen Hales, Vegetable Staticks, qu’il annote abondamment, où il prend délibérément parti contre la science cartésienne, partisane des systèmes et théories raisonnées, purement intellectuelles, prenant parti pour l’observation et l’expérience, suivant en cela un courant de pensée de ce début du siècle.
En mars 1739, il passe de la section de Mécanique, à celle de Botanique de l'académie des sciences et devient intendant du Jardin du roi. Enfin établi, Buffon partagera désormais son temps, jusqu’à la fin de sa vie, entre sa propriété de Montbard, vivant tranquillement et rédigeant son œuvre, et Paris, où il administre le Jardin des Plantes et entretient son image à la Cour.
Il transforme le Jardin des Plantes en centre de recherche et en musée, faisant planter des arbres de toutes origines, qu’on lui fait parvenir du monde entier.
Buffon gère en outre le Cabinet d’Histoire Naturelle du roi, dont il va faire la plus développée des collections d’Europe, un creuset scientifique, dont sortiront les galeries du Muséum actuel.
En 1744, il est nommé trésorier perpétuel de l’Académie des sciences
En 1749, paraissent les premiers volumes de L’ Histoire naturelle, son œuvre majeure.
L’homme de Montbard
À Montbard, Buffon habite la maison paternelle, qu’il agrandit pour en faire "l’hôtel de Buffon". Il agrandit son domaine par des annexions de droit seigneurial, prenant terres, ruines et château, au grand dam des mairies de Buffon et de Montbard qui entreront en procédure. Il est cependant un seigneur bon et généreux, n’hésitant pas à offrir bien des dons et des aides à sa commune.
Il se marie en 1752, à l’âge de 45 ans, à Marie-Françoise de Saint-Belin Malain, jeune femme de noblesse ruinée de 19 ans. Cette femme voue une grande affection à son mari qui l’a arrachée au couvent, même s’il n’est pas d’une extrême fidélité. Elle meurt en 1769 à la suite d’une mauvaise chute de cheval. Ils eurent une fille mort-née et un fils, Georges Louis Marie, surnommé « le Buffonet », qui finira sur l’échafaud révolutionnaire en l'an 2 (1794), sans postérité.
Il devient comte de Buffon en 1773.
En 1776, Louis XVI commande une statue de lui, érigée à l’entrée du Muséum d’histoire naturelle avec l’inscription : Majestati Naturæ par ingenium (« un génie égal à la majesté de la Nature »).
Il meurt en 1788, d’une ultime crise de gravelle (calcul rénal) , quelques mois avant le début de la Révolution française.
Georges Louis Leclerc était devenu, comte de Buffon, seigneur de Montbard, marquis de Rougemont, vicomte de Quincy, seigneur de la Mairie, les Harens, les Berges et autres lieux, intendant du Cabinet d'histoire naturelle du Roi, membre de l'académie française, trésorier perpétuel de l'académie des sciences, membre des académies de Berlin, Londres, Saint-Pétersbourg, Florence, Bologne, Edimbourg, et Philadelphie.
Son œuvre
Le premier ouvrage de Buffon fut une traduction de l'anglais ; laStatique des végétaux de Stephen Hales.
Buffon attachait beaucoup d’importance aux illustrations, qui furent assurées par jacques de Sève, pour les quadrupèdes et François-Nicolas Martinet pour les oiseaux. Près de 2 000 planches parsèment en effet l’œuvre, représentant les animaux avec un fort souci esthétique et anatomique, dans des décors oniriques et mythologiques.
L’Histoire naturelle connut un succès immense, presque aussi important que l’Encyclopédie de Diderot, qui parut à la même époque.
Rôle et portée de son œuvre
Surtout depuis son discours d’académicien, on s’accorde universellement à regarder les écrits de Buffon comme un modèle de style ; on reconnaît aussi qu’il a fidèlement décrit les mœurs et les traits caractéristiques des animaux, qu’il a fait faire à l’histoire naturelle des progrès, tant par son point de vue novateur que par la multitude de ses recherches, et qu’il a rendu d’immenses services en rassemblant une foule de matériaux épars, et en propageant en France le goût pour l’étude de la nature.
Son Histoire naturelle fut aussi une source d’inspiration pour les peintres de la manufacture de Sèvres, donnant naissance à des services de porcelaine dits « Buffon ».
Buffon industriel
Parallèlement à son œuvre scientifique, Buffon construit, en bordure du canal de Bourgogne, à quelques kilomètres de Montbard, des forges qui subsistent, et sont encore visitées aujourd'hui. Après avoir effectué de nombreuses expériences dans la forge d’Aisy-sur-Armaçon, il édifie sur ses terres, entre 1768 et 1772, ses propres forges, qui lui permettent de mettre en valeur les ressources en bois et en minerais de ses terres.
Ce site peut être considéré comme une des premières usines intégrées: les lieux sont aménagés pour optimiser les étapes de la fabrication.
Par ailleurs, des ouvriers sont logés sur le site, et ont accès à un potager, à une boulangerie et à une chapelle. L’accès au haut-fourneau se fait par un escalier monumental, qui permettait aux invités de marque d’admirer les coulées de métal en fusion
Image : Entrée des forges de Buffon
La forge produisait des ferronneries et des rampes d’escaliers, et elle était avant tout son laboratoire, où il étudiait, pour la Marine, l’amélioration des canons, et, pour lui-même, les effets de la chaleur obscure, les phénomènes de refroidissement, et les résultats de ses recherches alimenteront son œuvre scientifique, notamment au sujet de la création de la terre.
Accaparé par son travail personnel, il en confie la gestion à Chesneau de Lauberdières, en 1777 : celui-ci pille alors les forêts environnantes et s'enfuit avec les finances, en 1785. Buffon doit alors reprendre la forge, bien mal en point, et elle sera finalement vendue, en 1791.
Source : wikipedia