« la Mère Poulard »

 

 

poulard annette
source photo : geneanet
 Anne Boutiaut

 

La « Mère Poulard » est née Anne Boutiaut (surnommée Annette) le 16 avril 1851 à Nevers. Cuisinière française, mondialement connue pour son auberge et sa fameuse omelette, dite « Mère Poulard », elle meurt le 7 mai 1931 au Mont Saint-Michel.

 

Sa jeunesse

Son père, Claude Boutiaut, est journalier aux maraîchages des faubourgs du Mouësse à Nevers, et sa mère Marie PONCEAU, porte les légumes récoltés chaque matin, au marché "Saint-Arigle".

Sans grande instruction, Annette travaille très jeune, en qualité de femme de chambre, au service de M. Edouard Corroyer, architecte en chef des Monuments historiques, auquel le Gouvernement allait confier, en 1872, la charge de restaurer l'Abbaye du Mont-Saint-Michel. Il part donc avec sa femme, sa fille et sa femme de chambre Annette, qui découvre ainsi la Normandie.

Sur place, elle fait la connaissance du fils du boulanger du Mont, Victor Poulard.

Leur relation durera jusqu'à leur mort. Ils se marient le 14 janvier 1873 en l'église Saint-Philippe-du-Roule de Paris, son patron Edouard Corroyer est le témoin d'Annette. C'est certainement ce dernier qui a dû organiser ce mariage, car il est assez rare pour l'époque qu'un couple de province et de condition modeste aille contracter mariage dans la capitale où il n'avait aucune attache.

 La Tête d'Or

Annette, ayant conscience de son retard éducatif, essaiera de combler en partie son manque d'instruction en prenant des cours d'orthographe et de mathématiques que lui dispensait la sœur institutrice du Mont-Saint-Michel.

Après leur mariage, le couple Poulard décide de prendre en gérance un établissement modeste du nom de l'« hostellerie de la Tête d'Or », le monde n'afflue pas, une poignée de pèlerins, quelques archéologues, une pincée d'artistes ou d'hommes du monde. D'autant que les visiteurs étaient dépendants de la marée (puisque la digue-route n'existait pas), c'est-à-dire qu'ils arrivaient selon le gré des vagues à n'importe quelle heure, il fallait donc dans ce cas satisfaire leur appétit avide dès leur arrivée.

C'est alors qu'Annette trouva l'idée de les faire patienter en leur offrant une omelette de sa confection en attendant le plat principal, celle-ci était cuite dans un feu de bois sec qui flambait dans l'âtre. En un tour de main d'une suprême élégance, Madame Poulard avait confectionné une omelette rosée, baveuse, fumante et savoureuse à souhait.

La maison prospère rapidement.

 les poulard 1905

Source photo : wikipedia

Victor et Anne Poulard, devant leur restaurant (c. 1905).

 

La Mère Poulard

En 1888, Victor et Annette Poulard quittent leur ancien établissement pour acquérir l’« hôtel du Lion d'Or ». Ils le font démolir pour édifier un hôtel imposant et fonctionnel qui prit pour enseigne : « À l'omelette renommée de la "Mère Poulard". »

Au fur et à mesure que grandit l'attrait pour le Mont-Saint-Michel, grandit la renommée des omelettes et de l'hospitalité de celle qu'on n'appelle plus que la Mère Poulard. « On ne peut se rendre au Mont-Saint-Michel sans aller goûter l'omelette » lit-on dans les gazettes parisiennes.

La chef d'entreprise

La Mère Poulard, comme on daignait la surnommer, cultivait l'ambiguïté dans les relations avec ses clients, elle était une personne aiguisée dans les affaires, avec son air de dégoût de l'argent, elle n'en surveillait pas moins le tiroir caisse de son restaurant. Elle acceptait quelquefois les œuvres (aquarelles, pastelles...) de ses clients à titre de paiement, mais elle gardait tout de même l'œil sur l'addition, Annette n'employait que très peu de personnel dans son auberge.

Madame Poulard en personne accueillait ses hôtes et leur assignait leurs chambres. C'était si simple. On n'avait affaire qu'à elle. Et quand on s'en allait, c'était à elle encore que l'on demandait la note.

— Votre note, Monsieur ? D'abord, nous n'en faisons jamais. C'est la vie de famille, chez nous [...] Vous êtes pressé, la voiture vous attend. [...] Mais partez donc. Vous me payerez une autre fois, quand vous reviendrez...

— Mais, Madame...

— Vous y tenez. Eh bien ! Faites vous-même votre note. Vous savez ce que vous avez pris.

— Oui. Il y a ceci et cela...

— Est-ce qu'il n'y a pas aussi une bouteille de vin ?

— Ah ! oui, c'est vrai, Madame ; j'oubliais...

Madame Poulard avait tout vu, tout retenu, rien oublié.

 La retraite

À l'heure de la retraite, vers 1920, les époux Poulard font construire une jolie maison sur les hauteurs du mont. Le 15 janvier 1923, parmi une foule nombreuse et attendrie, ils célèbrent leurs noces d'or.

Annette s'éteint le 7 mai 1931 et rejoint son défunt mari dans le petit cimetière du Mont-Saint-Michel.

 

Le rôle de Christophe

Le dessinateur et scénariste Christophe va contribuer à rendre l’omelette de la Poulard mythique dans toute la France et pour plus d’un siècle, en la mentionnant dans son ouvrage à succès, tiré à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, des aventures de la Famille Fenouillard lors de son passage au Mont-Saint-Michel.

Omelette de la mère Poulard

Il s’agit d’une omelette soufflée, quelquefois additionnée de crème fraîche, dont le blanc et le jaune ont été, le plus souvent, battus séparément et cuite à feu vif.

 

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 Source image : gastronomierestauration.blogspot.com