Trouvère picard

 

Adam BOSSU (de la Halle)
(Arras vers 1240- vers 1287)
 
 
 
 

 

On le trouve nommé «Le Bossu», «de la Halle » ou « d'Arras » ou simplement «Maistre Adam ».

 

Comment le nommer ?
Nous hésitons à l'appeler : Adam de la Halle, ou encore, selon la graphie picarde : Adan de le Hale, l’identification des deux trouvères n’étant pas prouvée. Ce qui est sûr c’est qu’on l’appelait Le Bossu, sans doute par quelque sobriquet patronymique, contre lequel il proteste 
« On m’appelle Bochu, mais je ne le sui mie »
 
  Son père, Maître Henri le Bossu, employé  à l’échevinage d’Arras, était surnommé « de la halle », soit à cause du quartier qu’il habitait, soit à cause de ses fonctions, soit pour tout autre raison. Ce surnom fut quelquefois appliqué au fils, mais rarement ; ses compatriotes l’appelaient « Adam le Bossu » ; hors de son pays, il était plutôt « Adam d’Arras »
 
SaintLouis et .... Adam
Adam, serait né entre 1237 et 1240 à Arras. Selon toute vraisemblance, vers le milieu du XIIIe siècle : il pouvait, en effet, avoir de vingt-cinq à trente ans lorsqu’il écrivit cette pièce (le Jeu de la Feuillée), probablement en 1276 ou 1277, comme on le verra plus loin : il était alors jeune marié, et n’avait pas terminé ses études, mais il était déjà « Maistre ».
 
Quelle fut sa vie ?
Henri le Bossu, son père, est mort vers le milieu de l’année 1290. Il avait perdu sa femme au début de 1283. Il n’est pas certain que celle-ci soit la mère d’Adam, car maître Henri s’était marié plusieurs fois.
Le père d’Adam, bourgeois, était employé à la mairie d’Arras. Il y aurait trouvé des protecteurs, et ce furent eux qui l’auraient envoyé étudier au monastère cistercien de Vaucelles près de Cambrai, (1250 à 1257).
 
S’étant épris d’une jeune fille, dont le prénom seul, Marie, est connu, il quitta l’école pour l’épouser, après l’avoir séduite, sans trop de peines semble-t’il. Après quelque temps, probablement quelques années, d’une union scellée par la plus tendre affection, les deux jeunes époux prirent la courageuse résolution de se séparer pour trois ou quatre ans (1262-1266). Marie resterait à Arras, avec son beau-père, pendant qu’Adam irait à Paris pour y reprendre sa vie d’écolier.
Dans le Congé, spécialement écrit par Adam, à la veille de son départ, pour prendre « congé » de ceux qu’il aime et qu’il va quitter, le poète exprime, en des termes d’une délicatesse exquise, sa reconnaissance et son affection pour sa femme, qui, loin de la retenir, l’encourage à se séparer d’elle pendant les trois ou quatre années nécessaires à l’achèvement de ses études, et nous apprend que des bienfaiteurs se sont cotisés pour l’aider dans son entreprise.

Mêlé par ses satires aux troubles que causèrent dans sa ville natale de lourdes impositions de taxes, il aurait été exilé à Douai (1269-1272 ).

Le « fils de maistre Henri, Adam, est salué par le trouvère Baude Fastoul dans ses Congés qui sont de 1272 ; C’est la première date qu’on puisse inscrire avec certitude dans sa biographie.
Vers 1272, son seigneur suzerain Robert, comte d’Artois, le frère de St Louis, l’aurait distingué, mis à l’épreuve, attaché à sa personne, comme poète et comme musicien.  Emmené en Italie, sans doute lorsque, après le massacre des Vêpres siciliennes, en 1282, le comte d’Artois, fut envoyé par le roi de France au secours de Charles d’Anjou, son oncle, Adam aurait été cédé au comte d’Anjou, roi de Naples.
Adam dit le Bossu, serait mort dans le sud de l’Italie, peut-être dans cette ville, vers la cinquantaine entre 1285 et 1289 probablement en 1288, voire 1306.

 

Son Œuvre

-        Le poète

Type accompli du ménestrel, il a composé : 36 chansons , dont une demi-douzaine lui fait honneur ; 18 jeux-partis qui échappent rarement au verbiage et à l’enfantillage du genre ; des ballades nombreuses, mais qui sont toutes perdues ; d’autres poésies lyriques, dont les plus médiocres sont les motets et rondeaux, qui, devant être chantées, et sur sa propre musique, ne lui ont pas paru valoir la peine d’être mieux pensées, mais dont le Congé, le Dit d’Amour et les Vers de la Mort ajoutent quelque originalité de fond à cette ingéniosité de la forme, qui ne lui fait jamais défaut ; une Chanson du roi de Sicile, à la gloire du féroce comte d’Anjou, qui fait plus d’honneur à son désir de servir la mémoire de son protecteur que la vérité historique, resta inachevée, mais promettait par la force de la composition et l’ingéniosité du coloris, que ce lyrique courtois aurait pu faire son épopée tout comme un autre.
Tous ses petits poèmes, selon le goût du temps, qui n’était pas bon, surtout les « canchons, partures (jeux-partis) et motés » et « balades, je ne sais quantes » où brille une virtuosité assez imaginative, lui valurent d’être mis hors de pair, comme clerc net et subtil, gracieux et noble, selon ce vers du Jeu du pèlerin :
« Un clerc net et soustieu, grascieus et nobile ».
Ce ne sont pas là ses titres de gloire : mais les deux pièces qui les lui valurent, avaient besoin d’être précédées de ces détails biographiques.
Le Jeu de la Feuillée et le Jeu de Robin et de Marion peuvent être considérés comme la partie la plus importante des œuvres d'Adam de la Halle, puisque c'est à ces deux petites comédies qu'il doit sa popularité..
 Le Jeu de la Feuillée ou Feuillie,
Ce chef d’œuvre est un drame satirique du XIIIe siècle, composé pour le Puy d'Arras (*) où Adam se met lui-même en scène, ainsi que son père et quelques-uns de ses amis et fait confidence au public de tous ses chagrins domestiques, en comparant son sort avec celui des principaux bourgeois d'Arras. C'est une chronique scandaleuse où les personnages figurent sous leurs noms véritables
 
Le Jeu de Robin et Marion
Le Jeu de Robin et de Marion est la première comédie villageoise ou opéra-comique connue. L'histoire des amours de Robin et de Marion a fait le fond d'un grand nombre de récits et de chansons du Moyen âge; mais le poète musicien d'Arras est passé aujourd'hui à l'état de type littéraire auquel on rattacherait volontiers toutes les œuvres sacrées et profanes de son époque. 
 
D’un centon de pastourelles, le trouvère artésien a fait une ample suite de tableaux dramatiques – véritables idylles au sens étymologique du mot – se succédant et serpentant sur la scène avec la libre allure et l’enchainement facile de la farandole qui termine la pièce. Les récits originels sont devenus des actes. Les proposons plus ou moins obliques ont passé au style direct. La pastourelle courtoise est devenue la pastourelle dramatique : un genre est né.
 
Il fallait d’ailleurs pour le Jeu de Robin et Marion, comme aux opéras-comiques de la foire, des acteurs à tout faire. Le rôle de Robin par exemple, demandait que le jongleur-acteur fût aussi un chanteur, doublé d’un danseur et même quelque peu acrobate, tels que seront Scaramouche ou Dominique. Nous remarquerons surtout, pour compléter la ressemblance, que, de l’avis des connaisseurs, Adam le Bossu renonçant ici à son savoir-faire de mélodiste, voire d’harmoniste comme en témoignent ses motets et rondeaux, s’est borné à mettre les chansons de son « jeu » sur des timbres populaires. Bien mieux, par fidélité à la vie pastorale qu’il voulait peindre d’après nature…l’auteur du Jeu de Robin et Marion a inséré toutes vives, dans son texte, les paroles avec les airs de plusieurs chansons populaires.
 
Ce ne fut pas moins sa bonne inspiration. Elle ne témoigne pas seulement de la souplesse de son talent : elle aide à restituer sa vraie physionomie ; Si le Bossu d’Arras fut un poète courtois, quintessenciant ses sentiments dans ses chansons, et prodiguant les banalités du genre dans ses partures (jeux-partis), c’était pour faire sa cour. Sous le pourpoint du ménétrier aux gages des comtes d’Artois et d’Anjou, battait un cœur de plébéien resté près du peuple où il puisa ses meilleures inspirations. La première lui était venue, à ses débuts, de l’âme bourgeoise de sa ville natale et lui avait dicté le premier chef-d’œuvre connu de cette satire dramatique, sous forme de chronique scandaleuse, qui sera le nerf de la farce nationale : la seconde jaillit du fond de l’âme paysanne de sa Picardie et lui fit créer la pastorale dramatique, si vivante sous l’inévitable convention. Là est le vrai Maître Adam.
( *) Cercle de poètes arrageois de la deuxième partie du XIIIe siècle : Trouvères d'occasion ou professionnels, ces bourgeois débattaient en vers et en musique sur des « cas » amoureux : les jeux-partis. Cette forme, qu'ils héritaient des troubadours, leur avait paru propice à la circulation de la parole poétique dans leur communauté. Tous pratiquaient, à l'occasion d'assemblées annuelles, une lyrique collective, à la fois érotique et réflexive. Les enjeux pour chacun étaient divers : amicaux, sociaux, poétiques...De ces exercices communs souvent brillants émergent des individualités lyriques : Guillaume le Vinier, Adam de la Halle surtout...
Source : http://www.fabula.org
 
 

 

Son Œuvre

-          Le musicien

Créateur du théâtre profane français (le Jeu de la feuillée),il fut un des maîtres les plus importants de l'école musicale d'Arras au XIIIe siècle et le seul trouvère reconnu pour avoir adapté la technique polyphonique à l'écriture du rondeau (le Jeu de Robin et Marion).
L'importance d'Adam de la Halle est peut-être plus grande au point de vue musical qu'au point de vue littéraire. En effet, c'est ce trouvère qui a laissé le plus de musique profane signée de son nom ou qui puisse lui être attribuée. On trouve de la musique dans ses chansons, ses rondeaux, ses motets, dans ses jeux parties et dans ses pièces de théâtre; le Congié, le Roi de Sicile, le Jeu de la Feuillée, en sont seuls privés. Cette musique se présente de deux façons, ou bien, comme dans les chansons, les jeux parties, le Jeu du pèlerin, elle est écrite à une seule voix sans accompagnement d'autre voix ou d'instruments, ou bien, comme dans les motets et rondeaux, on la chantait à trois voix peut-être accompagnées ou doublées par les violes ou d'autres instruments. 

 

 

 

Le jeu de Robin et Marion interprété par le « groupe Perceval »

Source : http://www.youtube.com/watch?v=n_ENI8s6tgY&list=RDrLobQBGzQDg

 

Sources :
http://gallica.bnf.fr
http://www.larousse.fr
http://www.youtube.com/watch
www.fabula.org

http://www.cosmovisions.com

 Si le parcours de Adam le BOSSU,  entre Arras et la Sicile, passe par Paris, on peut imaginer qu'il passe AUSSI par la Bourgogne….