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BOSSU Jean Bernard
(1720 – 1792)
Le capitaine de marine royale
Jean Bernard BOSSU est né le 29 septembre 1720 à Baigneux les Juifs (21) de l'union de Jean BOSSU chirurgien,et de Claudine THIBAUT
Implantée à Baigneux depuis au moins 1630, la famille de Jean Bernard est à l'origine d'une longue lignée de chirurgiens. D' ailleurs son père, Jean BOSSU est qualifié de très habile chirurgien.
Jean Bernard étudie la chirurgie, il est par ailleurs, chevalier de l'ordre royal de St Louis, mais, il est surtout connu pour ses voyages en Louisiane où il séjourna une douzaine d’années.
En effet, Il a préféré être soldat, et s'est engagé dans le régiment de la Dauphine, où il obtint le titre de Lieutenant. Plus tard, devenu capitaine de troupes de la marine royale, il effectue, sous le règne de Louis XV, un premier séjour en Louisiane entre 1750 et 1757 et dans une grande partie de l'Amérique du nord, comme en témoigne l’extrait de texte ci-dessous.
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Dans ce livre intitulé «nouveau voyage aux Indes», Jean Bernard BOSSU détaille, à l’intention de ses supérieurs la vie des Indien Arkansas dans un style passionnant et parfois émouvant.
source image :rueducommerce.fr
Ses exploits sont parvenus jusqu'à nous
"..... Le jeune BOSSU étudia d'abord la médecine à laquelle il renonça pour suivre la carrière des armes. Devenu lieutenant dans le régiment de Mme la Dauphine, il se distingua dans plusieurs actions par sa valeur et son intrépidité, notamment au siège de Château-Dauphin (Aujourd’hui Château Queyras), emporté d'assaut par les troupes du prince de Conti en 1744. L'un des premiers il pénétra dans la place par une embrasure de canon, et fut blessé d'un coup de feu dont il se ressentit toute sa vie. La paix ayant été conclue en 1748, il entra dans la marine, fut chargé de discipliner les troupes de Belle- Ile- en- Mer, et s'embarqua à la fin de l'année 1750 pour la Nouvelle-Orléans, avec le même grade qu'il avait obtenu dans l'armée de terre. Recommandé par le ministre de la marine au gouverneur général de la colonie le marquis de Vaudreuil, celui-ci le choisit pour aller en détachement occuper les postes des Illinois.
Il remonta au mois d'avril le fleuve aussi rapide que dangereux du Mississipi et aborda après une navigation de cent vingt lieues, dans les belles et fertiles contées des Arkansas. Ces sauvages, anciens alliés et amis des Français, accueillirent BOSSU avec les plus vifs transports de joie, et comme marques de la plus éclatante sympathie, ils l'élurent leur chef, après toutefois qu'il se fut soumis à l'opération douloureuse du tatouage, nécessaire, pour en faire un véritable homme un noble Arkansas. Revêtu de cette dignité, il remit à la voile pour le pays des Illinois. Il était sur le point d'arriver quand un accident survenu au bateau, déjà tout disloqué par la difficulté de la navigation, le fit sombrer: plusieurs soldats furent engloutis dans les flots, et BOSSU lui-même allait avoir le même sort sans le dévouement d'un Arkansas. A peine fut-il débarqué qu'il déjoua une conspiration ourdie par les Anglais, dans le but de détruire cinq villages appartenant la France.
Durant le cours des six années que BOSSU passa chez les Illinois, dont il se concilia l'estime et l'attachement, son esprit observateur fut à même d'acquérir des notions exactes sur ce magnifique pays, et d'étudier les meurs, les habitudes et les divers …? de ses habitants.
Les souffrances que lui causaient ses anciennes blessures lui firent solliciter son retour à la Nouvelle- Orléans, puis en France, où il prit les eaux de Bourbonne. Dès que sa santé fut améliorée, il repartit pour l'Amérique, où il reçut l'ordre de se rendre chez les Allibamous. Il prit bientôt sur cette tribu guerrière un ascendant tellement puissant et paternel, qu'il était choisi pour arbitre dans tous les différends.
Une circonstance assez bizarre contribua encore à augmenter son crédit: menacé par un renommé jongleur des effets de son art, BOSSU lui répondit qu'étant lui-même sorcier il n'avait rien à redouter de ses maléfices; et pour le confondre il lui montra une peau de chat-tigre en l'invitant à faire revivre l'animal. Le jongleur avoua que sa science n'allait pas jusque là. Tu n'es qu'un novice dans ton art, lui répliqua BOSSU Je vais le faire, moi. S'étant retiré dans sa cabine il ajouta à la tête de sa peau de chat des yeux d'émail, et introduisit dans son ventre un écureuil vivant. Les choses ainsi disposées, le soi-disant sorcier présenta à l'assistance le chat-tigre ainsi ressuscité, les bonds que lui faisait faire l'animal prisonnier frappèrent d'effroi le jongleur et ses compagnons. Désormais ces pauvres sauvages regardèrent BOSSU comme un être surnaturel
Les injustices de toutes sortes qu'eut à essuyer notre brave voyageur bourguignon de la part du nouveau gouverneur de la Nouvelle-Orléans, M. de Kelerec sont révoltantes. Ainsi, au mépris du droit de BOSSU au commandement des Illinois après la mort du titulaire, il y appela un autre officier. Justement blessé dans son honneur, notre compatriote demanda une réparation ou l'autorisation de rentrer en France. Pour toute réponse, le gouverneur lui intima l'ordre de se rendre à la Mobile pour y prendre un convoi de vivres et de munitions destiné au fort de Tombetklbé. Ce convoi, composé de trois bateaux partit de la Mobile le 22 août et n'arriva que le 25 septembre à sa destination après mille dangers, de rudes fatigues causées par la baisse des eaux et surtout par les souffrances que firent endurer les moustiques à l'équipage.
Pendant le voyage un singulier et imminent péril menaça le commandant: une nuit qu'on avait campé prés des bords de la rivière il s'était enveloppé dans les plis de sa tente et dormait comme un bienheureux, quand tout à coup éveillé en sursaut, il se sent entrainé par une force irrésistible du côté du fleuve; il appelle, il crie on vient à son secours et grande fut la surprise de tous en voyant un énorme crocodile qui le transportait vers l'abime par un pan de sa tente. Le vorace amphibie avait été attiré par l'appât d'une barbue sèche que le malavisé dormeur tenait en réserve à ses pieds.
De retour à la Nouvelle-Orléans BOSSU trouva ce pays en proie aux discordes civiles causées par l'autorité arbitraire et perverse de son gouverneur. Témoin des iniquités qui s'y commettaient, notre compatriote, découragé, sollicita de nouveau son rappel en France.
A peine y fut-il arrivé qu'il vit contre son attente, ses longs et loyaux services récompensés par une ........ claustration à la Bastille. Hâtons-nous de dire que sa captivité fut de peu de durée. Le roi s'étant fait rendre compte en conseil privé des affaires de la Louisiane, les calomniateurs furent confondus, et notre compatriote eut cette fois satisfaction pleine et entière, tant par son élargissement motivé que par l'expédition de son brevet de capitaine qu'il reçut accompagné d'une forte gratification, et la promesse de la croix de Saint-Louis à la première promotion.
Les observations de notre voyageur sur les contrées qu'il avait habitées furent communiquées au marquis de l'Estrade de la Cousse, au château de Boux, près Flavigny, dans une suite de lettres qui furent recueillies et publiées sous le titre de : Nouveaux Voyages aux Indes occidentales etc. : Paris, 1758, 2 vol. in-12 J.B. Forster en fit une traduction en anglais sous le titre de Travel through that part of North América, formerly called Louisiana : Londres 1761 2 vol. in-8
La Louisiane ayant été cédée à l'Espagne, BOSSU résolut d'y faire un troisième voyage afin de retirer ses effets qui s'y étaient restés.
Il arriva à la Nouvelle-Orléans à la fin de mai 1770 Il voulut revoir les Arkansas, dont il avait conservé un touchant souvenir. Les incidents de ce voyage sont des plus intéressants.
Un soir qu'il avait campé avec sa suite aux bords de la rivière Rouge, un caïman durant leur sommeil, engloutit leurs vivres: l'équipage, affamé, n'eut d'autres ressources que la chasse de deux indigènes qui l'avaient accompagné. Il remontait péniblement le fleuve lorsqu'il aperçut sur la rive opposée un troupeau de chevreuils et de vaches sauvages. On se disposait à attaquer, quand les chasseurs signalèrent dans ce troupeau une ruse de leur métier: ces animaux n'étaient autre chose que des hommes déguisés pour attirer le gibier.
Les Arkansas firent à l'officier bourguignon une réception brillante. Il quitta bientôt ses hôtes hospitaliers pour visiter les tribus voisines, notamment celle des Albinous;
Après quoi il revint prendre définitivement congé de ses chers Arkansas.
A son retour il publia la relation de cette troisième excursion, sous le titre de Nouveaux Voyages dans l'Amérique septentrionale contenant une collection de lettres de l'auteur à son ami Douin etc.: Amsterdam 1777 in-8 Ces derniers voyages n'ayant point été réimprimés comme les premiers, sont plus rares. Ils contiennent de curieux détails non seulement sur les nations sauvages, mais encore sur les opérations politiques qui firent passer la Louisiane sous le gouvernement espagnol en 1764, et respirent de hauts sentiments de patriotisme et d'humanité.
Texte extrait de "statistique monumentale historique et pittoresque de la Côte 'Or par E. NESLES (page 3)
source: gallica.bnf.fr
Le roi a tenu ses promesses
« M. Jean Bernard BOSSU, ancien Capitaine dans les troupes de la Marine, Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de St Louis et âgé de soixante douze ans, résidant à Auxerre, décédé d'hier en cette ville, a été inhumé au cimetière de céans le cinq mai mil sept cent quatre vingt douze, par moi, Curé de cette église soussigné, à l'enterrement duquel ont assisté le Sieur Louis Jean-Baptiste BOSSU, maître en chirurgie dem(eurant) à Aisey le Duc, son neveu, Mr Le Commandant Adjudant et Officiers de la Garde Nationale qui ont signé avec nous.
Signé : Bossu, Bouchelin Commandant, Drouard, Gelot, Caris capitaine, Mignot, Jacquier, Ravier, Plumet, Philippe.Auch »
Source : Etat civil Montbard (21)
L'ordre de Saint-Louis
L'ordre de Saint-Louis illustre une transformation profonde des principes mêmes des ordres de chevalerie. Les seuls titres exigés du futur chevalier étaient sa vaillance assortie d'une durée déterminée de services (dix ans) et le nombre de récipiendaires était illimité. L'attribution à titre exceptionnel de la croix de Saint-Louis pour action de bravoure n'apparut qu'en 1779 dans un édit de confirmation de l'Ordre émanant de Louis XVI
Toutefois, cette institution à caractère démocratique porta toujours la marque de son temps : nul ne pouvait entrer dans l'Ordre s'il n'était officier et de religion catholique. Et en 1750, Louis XV édicta qu'un chevalier de Saint-Louis roturier pouvait être anobli dès lors qu'il comptait deux ascendants en ligne directe décorés de même.
Jean Bernard s'emploie à faire le bien
Peu avant 1789 il avait présenté au ministre de la marine un projet qui, sans les évènements, aurait été mis à exécution : c'était celui de recueillir au château de Chambord les vieux marins invalides.
Jean Bernard BOSSU, se retira à Aisey le Duc (21) au sein de sa famille, et employa ses loisirs à faire le bien.
Jean Bernard habitait aussi Auxerre (89) une partie de l'année. C'est en se rendant de cette ville à Aisey le Duc, qu'il mourut à Montbard le 4 mai 1792. Il fut inhumé, le lendemain, près de Buffon avec les honneurs dus à son rang"